Reportages sur
Guns N' Roses
J’ai connu beaucoup de junkies. Beaucoup de ces drogués sont morts ou continuent de vivre une existence pitoyable jusqu’à aujourd’hui. Chez beaucoup d’entre eux j’ai personnellement observé une soif insatiable de la vie alors que nous jouions de la musique ensemble gamins et ils regardaient tous vers l’avenir. Bien sûr, personne ne pense devenir junkie ou alcoolique.
Certaines personnes peuvent faire des expériences dans leur jeunesse et passent à autre chose. D’autres n’y arrivent pas.
Quand Guns n’ Roses a commence à avoir du succès, j’étais déjà connu comme étant un grand buveur. En 1988 MTV a passé un concert dans lequel Axl me présentait – comme à son habitude – comme Duff « le roi de la bière » McKagan. Peu après, une agence de production qui travaillait sur un nouveau dessin animé m’appelle pour me demander s’il pouvait utiliser le nom « Duff » comme une marque de bière dans le programme. J’ai rigolé et je leur ai dit qu’il pouvait l’utiliser sans problème. Toute cette affaire me semblait être un projet artistique de bas étages – franchement, qui fait des dessins animés pour adultes ? Je ne pouvais pas prévoir que le programme deviendrait Les Simpsons et qu’en quelques années j’allais commencer à voir des verres et des accessoires Duff beer partout où nous partions en tournée.
De nos jours les tournées sont organisées avec une main de fer. Une équipe la plus restreinte possible, pas d’avion privé. L’idée c’est de faire le plus de profits. C’était totalement différent à l’époque. Quand Guns n’ Roses a passé 28 mois entre 1991 et 1993 à tourner pour les albums Use Your Illusion, l’équipe de tournée approchait souvent la centaine de personnes. Nous n’emmenions pas seulement nos choristes, une section cuivre, un pianiste supplémentaire mais nous emmenions également des kinés, des masseurs, un coach vocal et un tatoueur. Chacun de nous avait un garde du corps et un chauffeur. L’argent partait dans le financement de soirées à thèmes. Il y avaient des soirées jeux d’argent, des soirées toges; à Indianapolis le thème c’était la course automobile. Les personnes qui organisaient les fêtes faisaient partie de notre entourage rémunéré. Les fêtes duraient jusqu’au petit matin.
Vu ce que je voyais, une réputation de buveur ne semblait pas constituer un gros problème. Mais lors de la tournée Use Your Illusion, ma consommation a atteint des proportions extraordinaires. Pour cette tournée Guns avait loué un avion privé. Ce n’était pas un avion d’affaire mais un 727, avec des salons et des suites individuelles pour chaque membre du groupe. Slash et moi avons baptisé l’avion lors de notre vol inaugural en fumant du crack. Avant même que les roues n’aient quittées le sol. (Ce n’est pas quelque chose que je conseille, l’odeur s’imprègne partout). Je ne me souviens même pas d’avoir jouer en Tchécoslovaquie. Nous avons joué dans un stade dans une des plus belles villes d’Europe de l’Est alors que le mur de Berlin venait de tomber et la seule façon dont je sais que j’y étais c’est grâce au tampon que j’ai trouvé dans mon passeport.
Je n’étais plus très sûr d’être de ceux qui pouvaient expérimenter dans leur jeunesse et passer à autre chose.
Tous les jours je m’assurais que j’avais bien une bouteille de vodka à côté de mon lit pour mon réveil. J’ai essayé d’arrêter de boire en 1992 mais j’ai recommencé de plus belle au bout de seulement quelques semaines. Je n’arrivais pas à m’arrêter. J’étais allé trop loin. Mes cheveux commençaient à tomber par poignées, mes reins me faisaient mal quand je pissais. La peau de mes mains et de mes pieds se craquelaient et j’avais des furoncles sur le visage et dans le cou. Je devais porter des pansements sous mes gants pour pouvoir jouer de la basse.
Il y a plusieurs façon de sortir d’une merde comme celle-ci. Certains partent directement en centre de désintoxication, d’autres se tournent vers la religion. D’autres encore se rendent aux Alcooliques Anonymes et les derniers encore plus nombreux finissent dans des boites en bois – j’allais tout droit dans cette direction.
Tout au long de la tournée des Use Your Illusion, j’ai enregistré des chansons de mon côté, me réfugiant dans des studios ici et là. Le projet m’a servi à tuer le temps, temps que j’aurais passé à boire et je ne savais vraiment pas quoi faire de ces démos.
J’ai joué un peu de tous les instruments au cours des sessions d’enregistrement – batterie, guitare, basse, j’ai chanté également et c’est évident que je n’étais pas capable de respirer par le nez sur certaines chansons ; des années de cocaïne avaient causé des dégâts. Puis, à un moment de la tournée, un employé de la compagnie de disque qui était sur la route avec nous m’a demandé où je disparaissais les jours de congés. Je lui ai dit. Quand Tom Zutaut, qui a signé les Guns chez Geffen records, a eu vent des démos, il m’a demandé si je voulais faire un album solo. Geffen, m’a-t-il dit, pouvait en faire un album. Je savais qu’il avait un petit côté mercenaire – à l’époque Nirvana et Pearl Jam avaient explosé et Zutaut s’était dit que promouvoir mes racines de Seattle et mes liens punk pouvait aider le label à repositionner Gn’R.
Mais je m’en fichais. Pour moi c’était une chance de concrétiser un rêve. Geffen l’a rapidement sorti sous le titre de Believe in Me en été 1993, juste après la fin de la tournée des Use Your Illusion. Axl en a parlé sur scène lors de nos derniers concerts.
J’avais prévu une tournée solo qui commencerait immédiatement à la fin de la tournée avec Gn’R – juste après les deux derniers concerts de la tournée à Buenos Aires, Argentine en juillet 1993. Ma tournée solo commençait par des showcases à San Francisco, L.A., et à New York puis j’allais ouvrir pour la tournée des stades de Scorpions en Europe et au Royaume-Uni. En arrivant à Los Angeles d’Argentine, j’ai rejoint un groupe d’amis et de connaissances que j’avais réuni pour m’accompagner en tournée. Ils avaient déjà commencé à répéter avant même mon retour à la maison. Ensemble nous étions à fond dans la préparation de la tournée.
Quand Axl a appris que je prévoyais de repartir en tournée. Il m’a appelé.
“Tu es totalement taré ? Tu ne devrais pas repartir en tournée maintenant. Tu es fou d’y penser.”
“Je fais de la musique, c’est ce que je fais” je lui ai dit.
Je savais que si je restais à la maison j’allais sûrement plonger dans une consommation effrénée de drogue. Je ne me faisais aucune illusion quant à devenir sobre mais au moins sur la route – avec un groupe composé de vieux amis punk-rockeurs de Seattle – je pensais que j’avais l’occasion de baisser ma consommation d’alcool. Et de rester loin de la coke.
Mais Axl avait raison. Avant le premier concert à San Francisco, ma femme de l’époque Linda s’est retrouvée dans une bagarre avec une autre fille et a perdu une dent. Il y avait du sang qui avait giclé partout. A New York, des Hells Angels remplissaient le Webster Hall et des bagarres ont éclaté. J’ai tenté de parler à la foule pour qu’elle se calme pensant que cela fera une différence. Après le concert des gens ont essayé de venir backstage mais je voulais rester tout seul.
J’ai fait la tournée comme prévu jusqu’à décembre 1993. Il y avait encore cette ferveur pour tout ce qui concernait les Guns, surtout en Europe. Le public connaissait les paroles et chantait. Et j’ai réussi la plupart du temps à ne pas toucher à la coke bien qu’on ne puisse pas dire que je sois resté clean tout au long de la tournée. Il y eu des rechutes. J’ai également troqué la vodka par le vin.
Passer au vin c’était une avancée mais le volume ingurgité a rapidement monté en flèche, j’ai atteint les dix bouteilles par jour. J’avais des aigreurs d’estomac dues au vin, je prenais des Rennies tout le temps. Je ne mangeais pas mais je gonflais, mon corps était dans un état pitoyable.
A la fin de la tournée Européenne, notre guitariste lead a sorti un couteau face à notre conducteur de bus en Angleterre. J’ai dû le virer – heureusement la tournée était terminée. De retour à Los Angeles, j’ai appelé Paul Solger, un viel ami avec qui j’avais joué adolescent à Seattle et je lui ai demandé de nous rejoindre sur la prochaine partie de la tournée. Dix ans s’étaient écoulés depuis que j’avais joué pour la dernière fois avec lui et Solger, lui, était devenu sobre. Aucun besoin de préciser que ce n’était pas mon cas. Il a pourtant accepté mon offre.
Je suis retourné chez moi à L.A. avant de repartir pour la prochaine partie de la tournée en Australie. J’avais acheté la maison en 1990. Elle se trouvait sur Laurel Canyon, tout en haut, perchée sur une falaise surplombant Dead Man’s curve sur Mullholland Drive. L’endroit se trouvait un peu plus loin de la vieille mansion construite par Houdini sur la colline. Du côté Hollywood de la colline, Laurel Canyon était encore un lieu de contre-culture. Ce n’était pas Beverly Hills. Dans les années 80 la mansion Houdini avait été partagée et une poignée d’irréductibles hippies vivait là dans une sorte d’éternelle pyjama partie rabougrie.
La piscine derrière ma maison offrait une vue spectaculaire sur les collines d’Hollywood. A l’époque, je faisais la fête jusqu’au bout de la nuit dans plusieurs clubs de L.A. et dans le bassin d’eau bleu se tenait souvent une fiesta gratuite pour gens à poil… Une des filles avec laquelle je commençais à trainer était une présentatrice de journal. Dans son bureau elle avait des photos d’elle avec Ronald Reagan et Jesse Jackson. Elle répétait toujours la même accroche en fin de ses journaux. Des années plus tard elle a obtenu un poste sur une chaine nationale d’information continue et chaque fois que je l’entendais terminer sa présentation par cette accroche, l’image de la télé s’effaçait et je la revoyais barboter à poil dans ma piscine.
Un circuit de clubs dominait Hollywood – Bordello, Scream, Cathouse, Vodka, Lingerie, Spice. Il y avait un club où aller tous les soirs de la semaine sauf le mercredi. Je n’ai aucune idée pourquoi mercredi était une night-off. Je m’en fichais. Les mercredis - et les after parties se déroulaient toujours chez moi. J’ai branché ma basse pour accompagner Tony Bennett sur scène un soir dans la section VIP de Spice. J’ai pu jouer de la batterie avec Pearl Jam la première fois qu’ils sont venus à L.A. pour un concert au Cathouse. On a consommé beaucoup d’alcool cette nuit-là mais je crois que nous avons joué une chanson des Dead Boys.
Quand Alice in Chains est venu à L.A. pour son premier concert – au Palladium alors que “Man in a Box” était en haut des charts – ils m’ont invité au concert et m’ont demandé de jouer une chanson avec eux. C’était génial. Après ce concert cette nuit-là, j’ai invité tout le groupe et tout un tas de parasites à la maison pour l’after party. La fête a duré trois jours non-stop.
Mais à ce moment là après la tournée, je me sentais plus malade que jamais. J’avais les mains et les pieds qui saignaient. J’avais des saignements de nez constants. Je chiais du sang. J’avais des plaies qui suintaient. La maison baignait dans des effluves fétides émanant de mon corps en déliquescence. J’ai fini par prendre mon téléphone et appeler mon manager et le groupe pour leur dire que finalement nous n’irions pas en Australie.
J’avais acheté une maison à Seattle – une maison de rêve, sur le lac Washington – et je l’entendais m’appeler. Je l’avais achetée quelques années auparavant, elle était protégée des regards dans un quartier où j’avais pour habitude de voler des voitures et des bateaux quand j’étais gosse. Je n’avais pas eu souvent l’occasion d’y passer du temps à cause de la tournée sans fin des Use Your Illusion. Je pensais que ce serait le bon endroit pour essayer de me remettre d’aplomb, me relaxer et recharger les batteries.
Le 31 mars 1994, j’étais à LAX (ndlt : l’aéroport international de Los Angeles) pour prendre un vol vers Seattle. Kurt Cobain attendait pour prendre le même avion. Nous avons commencé à bavarder. Il venait juste de faire le mur de son centre de désintoxication. Nous étions tous les deux des épaves. Nous avons fini par nous asseoir côte à côte dans l’avion et nous avons discuté tout le voyage mais nous n’avons pas abordé certains sujets. J’étais en enfer, et lui aussi, et nous l’avions, tous les deux, bien compris.
Alors que nous récupérions nos valises, j’ai pensé à l’inviter chez moi. J’avais le sentiment qu’il était se sentait seul et qu’il passerait la soirée seul.
Je l’étais aussi. Mais le terminal était bondé. J’étais dans un groupe de rock très connu, il était dans un groupe de rock très connu. Nous nous sommes recroquevillés sur nous-mêmes alors que les gens nous regardais bouche bé. J’ai perdu le fil de mes pensées une minute et Kurt s’est engouffré dans une limousine que l’attendait.
En arrivant devant ma maison de Seattle, je me suis arrêté pour regarder le toit. Quand je l’avais achetée il était vieux et pleins de fuites et j’avais payé pour que les tuiles en cèdres soient remplacées. Le nouveau toit devait durer 25 ans et en le regardant je me disais que c’était drôle : ce toit allait sûrement me survivre. Cependant, être arrivé là m’a donné le sentiment que j’allais m’en sortir.
Quelques jours plus tard mon manager m’appelait pour me dire que Kurt Cobain avait été trouvé mort dans sa maison de Seattle après s’être tiré une balle dans la tête. Je suis assez gêné de le dire mais en entendant la nouvelle je n’ai rien ressenti. Je n’ai pas décroché le téléphone pour appeler les autres membres de son groupe, Dave Grohl et Kris Novoselic. Je me suis dit que mes condoléances n’avaient pas de sens – quelques années auparavant je m’étais accroché avec Krist en backstage d’un MTV awards lors duquel et Nirvana et les Guns ont joué. J’ai perdu mon sang froid quand j’ai cru entendre une remarque désobligeante sur mon groupe de la part du camp de Nirvana. Dans ma brume alcoolisée je m’en suis pris à Kris. Kim Warnick des Fastbacks – mon premier vrai groupe avec lequel j’ai joué ado à Seattle – m’ appelé le lendemain pour me passer un savon. Je me sentais vraiment mal. Je me sentais encore plus mal, regardant le téléphone, incapable d’appeler pour m’excuser de cet incident et pour lui faire part de mes condoléances.
Non pas que la mort de Kurt ait fait une différence dans la manière dont je gérais ma merde. Je ne la gérais pas du tout. Elle n’a fait une différence qu’un mois plus tard.
Le matin du 10 mai, je me suis réveillé dans mon nouveau lit avec des douleurs aigues dans l’estomac. La douleur n’avait rien de nouveau pour moi, tout comme le fait de sentir qu’il y avait des choses qui n’allaient pas dans mon corps. Mais là, c’était différent. Cette douleur était inimaginable, comme si quelqu’un m’enfonçait un couteau émoussé dans les tripes et le vrillait. La douleur était si intense que je ne pouvais pas atteindre le bord de mon lit pour composer le 911 (numéro d’urgence). J’étais paralysé par la douleur et par la peur, gémissant.
J’étais là, nu dans mon lit, dans ma maison de rêve, une maison que j’avais achetée avec l’espoir d’y fonder une famille.
Le temps que j’ai passé allongé là m’a semblé une éternité. Le silence était aussi bruyant que mes plaintes râpeuses et étouffées. Jamais dans ma vie je n’avais voulu que quelqu’un me tue mais j’avais tellement mal que j’espérais que quelqu’un mette fin à ma souffrance.
Puis j’ai entendu Andy, mon meilleur ami d’enfance, entrer par la porte de derrière. Il m’a appelé : « Hé comment ça va ? » comme il l’a toujours fait depuis que nous étions gamins. Je voulais répondre : « Andy je suis en haut!”. Mais je n’en étais pas capable. Je l’ai entendu monter les escaliers – il avait dû voir mon portefeuille dans la cuisine. Il est monté à l’étage et a remonté le couloir.
“ Oh putain, ça a fini par arriver !” a-t-il dit en entrant dans la chambre.
J’étais soulagé d’avoir mon ami auprès de moi. C’était réconfortant de penser que j’allais mourir devant Andy. Mais il avait d’autres idées en tête. Il m’a habillé et a essayé de me bouger. L’adrénaline a dû l’aider parce qu’autrement c’est impossible qu’Andy ait réussi à porter 100 kg de poids mort de mon corps bouffi. Alors qu’il m’a descendu et mis dans sa voiture, une douleur fulgurante et lancinante s’est propagée vers les abdominaux et le bas du dos. Je voulais mourir.
Le médecin qui me suivait depuis l’enfance vivait à deux pâtés de maison, Andy m’y a amené. Bien que le docteur Brad Thomas était mon médecin depuis longtemps je ne lui avais pas rendu visite souvent depuis que mon alcoolisme était avéré. Ensemble, Andy et le Dr Thomas m’ont porté jusqu’à son cabinet au premier étage. J’entendais bien qu’ils discutaient de mon cas et j’ai senti la piqure d’une aiguille. Demerol. Rien. Une autre piqure de Demorol et encore rien, aucun soulagement. Encore une piqure, rien. La douleur continuait à s’étendre et je commençais à entrer en panique. J’ai poussé un gémissement et je suis tombé dans les pommes.
Ils ont décidé de m’emmener directement aux urgence du Northwest Hospital. Le Dr Thomas a dit à Andy de m’y conduire, que ce serait plus rapide que d’attendre une ambulance. Andy a conduit le plus vite possible sans trop faire bouger la voiture – chaque mouvement me faisait gémir.
Tout en me posant une intraveineuse de morphine au bras gauche, l’équipe hospitalière me posait des questions auxquelles je ne pouvais répondre.
“Nom ?” “Adresse ?” Andy répondait.
« Quelle est votre consommation quotidienne d’alcool ?”
“Êtes-vous sous l’effet de drogues en ce moment ?”
Je ne pouvais que gémir.
J’étais muet de douleur. La morphine ne fonctionnait pas comme je savais qu’elle aurait dû le faire. Je connaissais alors une ou de chose concernant les opiacées. Je connaissais la chaude bouffée qu’elles procuraient, et je ne ressentais rien de tout ça.
Ils m’ont déplacé dans une chambre à côté d’un mec sur un chariot d’hôpital. Le déplacement me faisait me contorsionner de douleur.
“Mec je me suis cassé le dos” m’a dit le gars dans l’autre lit. « Et je suis content de ne pas avoir ce que tu as »
Le Dr Thomas et un manipulateur m’ont fait passer un scanner de mes organes et j’ai vu le visage de mon docteur pâlir. Mon pancréas, gonflé, de la taille d’un ballon de football américain à cause de tout l’alcool ingurgité, avait explosé. J’avais des brûlures au troisième degré à l’intérieur de mon corps causées par les enzymes digestives provenant de mon pancréas éclaté. Ces enzymes ne peuvent emprunter que peu de chemins et la face extérieure des organes et les muscles de l’estomac n’en font pas partie – elles brûlent tous les tissus.
Un chirurgien aux verres épais m’a expliqué l’opération. Il devait enlever la partie supérieure du pancréas – la couper. Me recoudre. Puis je devrais être sous dialyse pour le restant de mes jours.
J’ai soudain compris les supplications murmurées par les âmes en peine de l’antiquité, celles qui respiraient encore après avoir été traversées par une épée rouillée ou après avoir été brûlées à l’huile bouillante. J’en étais là.
J’ai rassemblé toutes mes forces pour murmurer au médecin des urgences :
« Tuez-moi. »
J’ai supplié encore et encore.
“S’il vous plait, tuez-moi. Tuez-moi. S’il vous plait. »
Traduit par Rain pour GnrFrance.net de l'article présent sur Maxim.com
L'autobiographie de Duff McKagan "It's So Easy (And other Lies) disponible le 04/10/2011 en version originale.