Reportages sur
Guns N' Roses
Ainsi ces messieurs des Canons & Roses sont bien venus, le 6 juin, à l'heure dite, sur la pelouse de l'hippodrome de Vincennes, précédés de leur grosse réputation de groupe de rock " le plus dangereux du monde ". Il y aurait eu des gros bras et du service d'ordre musclé. On ne les a pas vus, preuve d'un travail bien fait sans doute.

Un public très jeune, charmant, pas trop nombreux, dans les quarante mille petits pirates, a attendu sagement l'arrivée des hommes dangereux qui à 20 h 5 pétantes (pour cause de retransmission télé via satellite), ont tenté de leur faire une grosse peur. Axl Rose en veste et short cycliste moulant, de plus en plus court, soit dit entre nous, a attaqué par It's so Easy et M.Brownstone.

Pour reprendre le Live and Let Die de Paul McCartney sur fond de pétards et de feux d'artifices, il a noué sa chemise en paréo et s'est mis à courir un peu partout sur les deux bras de la scène, façon Jagger, tandis que le blond et fluide Duff McKagan officiait en sens inverse, à la basse, et que sous son chapeau noir et sa noire tignasse, solide comme le roc, Slash sortait de sa guitare des sons tout à tour limpides et martyrisés. Au loin montait des tentes l'âpre fumée du merguez que l'on retourne. Au ciel, léger et pâle comme dans un tableau de Nicolas Poussin, volait parfois une paisible canette de bière.

Pour le sulfureux Bad Obsession, M. Rose a revêtu un petit ensemble rouge vif dans lequel il s'est bien tortillé . Il saute aussi aisément d'un ampli que d'une passerelle haute d'un mètre. Il se lance volontiers en vrille sur un pied et dispose de plusieurs podiums où il peut se camper, une jambe en appui, le mollet nu, avec quelque arrogance. Du reste, sa voix si singulière, diverse, changeante, est toujours remarquable. C'est le chanteur le plus intéressant du moment, tout comme son compère Slash est un virtuose inspiré, même s'il est capable de plaisanteries de garçon de bain, en se lançant par exemple dans une reprise bien baveuse du thème du Parrain. En plein concert rock, ça ferait retomber les meilleures intentions du monde.

Il est vrai, de ce côté, M. Rose n'est pas en reste. Il se retire souvent en coulisses, pour changer de tenue, et n'hésite pas à doucher l'auditoire de longues périodes pianistiques empruntées à Elton John. Suivies d'un carrousel de batterie qui permet à chacun de faire une pause, mais dans la ferveur a-t-on besoin d'une pause ? Après quoi, en kilt de cuir, M. Rose assène Sweet Child of Mine, Welcome To The Jungle et, avec le gonflage de deux gros monstres en caoutchouc bardés de glaives de chaque côté de la scène, une réinterprétation du Knockin'On Heaven's Door de Bob Dylan assez joyeuse et plaisamment enjouée d'une version reggae.

Sur les écrans latéraux, au moment du crépuscule, on constate que M. Rose se laisse gravement pousser la barbe. Ce n'est peut-être pas une bonne idée. Qu'il soit cependant remercié de cet excellent concert, même s'il n'a pas mis le feu à la pelouse. Le danger est passé, on le regrette déjà.

Michel Braudeau
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