Interviews de
Guns N' Roses

Il fallait que je change du tout au tout  d'une manière ou d’une autre. Deux semaines passé à L’Hôpital à regarder le plafond sachant que je devais changer des choses dans ma vie en profondeur m'ont laissé vidé, confus et bizarrement plutôt euphorique.


 


Dans la vingtaine, il y avait deux choses dont je n'avais jamais eu à m'occuper : prendre mes responsabilités pour mes actes et penser à ce que je pourrais faire en dehors de la musique. Je pensais simplement que je ne serais plus là pour m'occuper de ces problèmes.


 


Après avoir été empêtré et enchaîné à la noirceur constante des drogues et de l'alcool depuis si longtemps, on finit par s'abandonner. Oui, il existe cette espérance étrange qu'une cure miraculeuse finisse par nous tomber dessus mais c'est vraiment tout ce que tu peux espérer. Une fin tragique est une chose bien plus probable. Et la pensée que la mort puisse vous rattraper est en quelque sorte adoucie par un flou narcotique duveteux. Mais soudain j'y étais : sobre et aux mains des médecins, ma désintoxication adoucie par des intraveineuses de morphine pour la douleur et de Librium pour les délires trémens.


 


Ils m’ont fait sortir de L’Hôpital en mai 1994 avec l'espoir que j'entrerais directement dans une cure de désintoxication aux drogues et à l'alcool qu'ils m'avaient réservée quelque part à côté d'Olympia. J'ai remercié mon médecin pour son aide. Les deux semaines, seul, dans cet hôpital avaient eu pour moi les mêmes résultats qu'aucune cure ne pourrait avoir. S'en était fini. C'était la coupure et le miracle dont j'avais fini par ne plus espérer. Maintenant qu'on m'avait accordé un petit sursis et que l'on m'avait débarrassé de la terreur putride de la dépendance, il était temps que je change les choses ; mais comment ?


 


A l'hiver 94, j'avais acheté une maison, chez moi, à Seattle, un endroit où j'espérais qu'un miracle se produise ; une maison dans laquelle je mourrais bientôt ou dans laquelle je construirais ma famille. Deux possibilités diamétralement opposées, c'est sûr, mais c'était vraiment mon état d'esprit d'alors. Voilà, j’y étais, dans ma maison, sobre avec la possibilité de tout recommencer à nouveau.


 


Une des premières choses que j'ai faites c'était de descendre jusqu'au supermarché pour acheter de la nourriture. C'était tout nouveau comme idée à l'époque, je n'avais pas fait mes courses depuis près de 10 ans. J'avais 30 ans et je faisais mes courses pour la première fois de ma vie. J'étais un adulte avec une carte de crédit, un chéquier et une carte ATM. Je pouvais acheter ce que je voulais dans ce magasin mais je n'avais aucune idée par où il fallait que je commence. J’avais l'impression que tout le monde me regardait. Ça faisait si longtemps que je n'étais pas sorti de chez moi sobre que je n'avais plus aucune idée de comment il fallait se comporter. C'était comme si j'étais sous LSD. Les lumières étaient beaucoup trop aveuglantes et la musique semblait contenir des messages subliminaux. J’ai acheté du lait, de la sauce barbecue et des cigarettes, et c'est tout. Ma chemise était trempée de sueur et je faisais une attaque de panique  Je suis rentré en conduisant tant bien que mal, en évitant trois accidents en chemin, j'avais oublié le frein à main. Je pouvais sentir les plaquettes une fois rentré à la maison.


 


Je n’avais jamais pensé que la chose la plus difficile allait être de finalement simplement fonctionner normalement dans la vie. On pense toujours que les bars, les dealers et le manque sont les choses les plus difficiles à affronter pour rester sobre. Evidemment, bien que ces choses soient des épreuves, je devais avant ça découvrir à quelle heure il fallait que j'aille me coucher et que faire de mon temps. Comment allais-je me remettre à la musique ? Pouvais-je le faire sobre ? Comment parler à quelqu’un au téléphone maintenant ? Qui devais-je appeler ? Devais-je dire aux gens que j'étais sobre ? Devais-je partir quelque part et disparaître ? Quelle image les gens avaient-ils de moi après toutes ces années d’une existence irréfléchie ? Putain, qu'est-ce que je devais faire ?


 


Mon groupe, Guns N' Roses, était dévasté et soudain la dynamique avait changé. Peu de temps après ma sortie de L’Hôpital, Axl est monté me voir à Seattle. Le challenge était de savoir comment nous allions faire le nouvel album et quelle direction musicale nous voulions prendre. Nous ne pouvions pas décider de grand chose à l'époque parce que Slash était en tournée avec Snakepit et se battait avec ses propres addictions. Les années précédentes, il régnait une compréhension et une alliance infaillible dans le groupe, nous savions qu'à la fin de la journée nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes. A l'époque, je faisais des trucs sobres avec Axl, on faisait du VTT et on mangeait une nourriture saine et on se parlait beaucoup au téléphone, notamment de nouvelles directions musicales. Ce sens de la famille et la confiance qui existait entre nous a été finalement entaché par des problèmes de management et d'autres ennuis, le tout a fini par desserrer nos liens.


 


Quand je regarde en arrière tout ça est tellement clair. Mais à l’époque je ne pouvais pas m'imaginer que des forces extérieures pouvaient être aussi égoïstes et cupides. Ce sont des leçons avec lesquelles j'ai appris à vivre mais que je n'appliquerai jamais.

Source : http://blogs.seattleweekly.com/reverb/2009/12/starting_over.php

Traduit de l'anglais par Rain pour GNRFrance.net. Merci de ne pas utiliser sans autorisation.

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